Les vendeuses de bois au creux de la faim.

Publié le par Theojar

 

 

Aujourd’hui je me suis rendue dans le haut du département de l’Artibonite, au loin de la cité d’Indépendance (Gonaïves) à Saint-Michel de l’Attalaye ayant 8 sections communales mais plus précisément dans le mât, cette zone ou la vendeuse m’a conjointement parlée de ce qu’elle vit. Il fut 12h UTC lorsque nous étions en train de laisser la ville qui fut ravagée en 2004 par le cyclone Jeanne… Gonayibo, ce nom issue des différents caciquats et leurs chefs de la période indienne ; moi et l’agronome Jean Charles Occiel, filant à moto pour se rendre. Ainsi arrivé, nous sommes entretenus avec le Maire adjoint Edouard expliquant les situations critiques du Choléra qui tue et fait endeuillé, et les soupirs en excroissance à l’esprit des gens dans cette petite localité augmentant la crainte, le désarroi.  

Parlant des perspectives géographiques et agraires qui se tiennent à une condition si terrible que vivent les gens du mât,  cette localité appelée Mât2, est-elle une contusion qui se dresse bien haut, au sommet comme le bras d’un drapeau. Pour bien des gens qui vivent, elle est un mât de cocagne, elle met les gens en situation de se battre pour la survie. Fusse ce jour si drôle, auquel l’eau descendant de la colline, naissent des nappes phréatiques, mais n’ayant pas même des plantations à arroser, l’eau se gaspille. De l’eau venant de la terre sans un Manuel de Jacques Roumain1 pour aller la chercher malgré que les gens n’ont presqu’aucune plantation pour arroser. Ils ne cultivent plus la terre ! Au lieu de se révolter de la terre qui ne pourrait plus se produire, ce sont eux qui se revolent pour ne plus cultiver la terre.    

Cette localité est subdivisée en une zone propice à la culture d’arbre forestier, et une zone ou la couche arabe dévastée laisse place à la couche mère, ce point non fertile. Pour se méprendre de cette situation que je ne voulais point accepter, il s’est tenu une rencontre avec les paysans et les citadins de la zone pour discuter de l’avenir, du développement et du bien-être de leur zone, MOPSL, ce mouvement d’organisation des paysans de Saint-Michel de l’Attalaye avait prévu une discussion sur l’engagement de reboiser et de faire face au cholera. Les gens ne travaillent pas ! Ils ne sont plus des fonctionnaires d’ONG ou de l’administration publique. Ces gens sont simplement des gens ordinaires qui côtoient la misère et l’effroi de la maladie.

Ce chemin, que vous voyez est long et présente des dunes au bord de la zone aride et des cactus, et la communauté petite et stérile, ne voit que dans l’abattage des bois, pour la vente qui doit nourrir leur famille. Ce sont les mères au foyer, les mères de la survie, car ces pères partis aux champs ou jouant aux dominos, aux aguets pour apporter le pain se voient n’être pas le favori. Etonnamment, je n’ai jamais su voir d’une telle manière que les femmes coupaient mieux le bois, ce n’est que la nécessité qui leur est imposée. Pendant que j’étais assis à regarder les gens de la communauté sous le manguier a décidé de l’avenir de Mât, une chose a suscité mon indignation, cultiver ou reboiser une terre est un travail payant par une organisation non gouvernementale, telle que la FAO, l’OIM a insufflé le maire, avec une approche persuasive disant que ce ne sera plus ce cas pour l’avenir de la communauté. Ils ont tué la terre de Dessalines, de Christophe, les prés de la cité de l’indépendance. Les paysans ont été gâtés par ces maléfiques généreux car ils veulent être payés pour planter, pour cultiver, reboiser leur terre. Quelle absurdité !

De ce fait, ils meurent de faim, de choléra, d’insalubrité, et l’assainissement de la zone devient une chose précaire,  en plus les gens ne plantent pas, ne cultivent pas. Comment pourraient-ils se nourrir si la production est nulle ? Et si le travail qui leur soit propice n’a pas été  pas fait, que feront-ils ?  Tuer la terre ; interpeller les esprits soit disant bienfaiteurs ne sauraient rien apporter, car l’esprit de la débrouillardise, l’esprit du travail en commun, de la coumbite ne leurs aient pas habités. C’est le marchand capitaliste qui leur ait construit cet esprit marchand !

Cela me pousse à interroger ces dames aux paquets de bois, filant pieds nus et mains tenant l’équilibre du corps et tête chargée de petits foins de bois, apportant au marché pour les vendre comme du bois-pin pour allumer un feu de charbon. Ces paquets de bois sont des biens de la subsistance, et demain que feront-ils pour se nourrir ? Et les enfants de demain qu’auront-ils de la terre ?  Ces vendeuses m’ont avouées que la faim tue leur famille et les emportent au suicide et à la malnutrition. Sous le ciel du gouvernement Martelly-Lamothe, Aidez peuples ! Cette organisation nationale qui prétendent aider le peuple, confond les gens et les fait affronter à la mort la plus inhumaine. Quelle politique agricole ?

                  Naissant de cette terre, affreuse que nos femmes, nos enfants, nos fils d’Haïti meurent sous ce soleil. Que la terre soit bonne pour tout le monde ! Ces femmes vendeuses de bois meurent et parcourent le champ pour faire survivre leur hutte familiale mais au dépend du non culture de la terre.         

  1. Jacques Roumain : auteur du Gouverneur de la Rosée, écrivain et ethnologue haïtien, fondateur du premier parti communiste haïtien, et du Bureau National d’Ethnologie.

Mât : Localité de Saint-Michel de l’Attalaye au haut du département de l’Artibonite en Haïti

Dans une localité appelée Mat !

Publié dans Lodyans

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